Dans les années 1950, le chanteur Woodie Guthrie écrivait Old Man Trump, une chanson dénonçant le racisme de Fred Trump, le grand-père de Donald. Voici quelques épisodes qui montrent que ce dernier n’a rien à envier à son ancêtre.
Muslim ban
Dès le début de sa campagne, Donald Trump a annoncé vouloir « une exclusion totale et complète des musulmans ». Il veut aussi un système performant pour ficher tous les musulmans des États-Unis. Son cabinet et lui ont déjà approuvé deux décrets pour interdire à des musulmans d’entrer aux États-Unis.
Une semaine après son investiture, Donald Trump annonçait un décret présidentiel pour « protéger la nation contre l’entrée sur le territoire de terroristes étrangers », surnommé « muslim ban » (l’interdit des musulmans). En réalité, cela revenait à une interdiction d’entrée de trois mois à l’encontre des ressortissants de 7 « pays musulmans » considérés comme dangereux (Irak, Iran, Yémen, Lybie, Syrie, Soudan et Somalie).
Il est très vite apparu que les « pays musulmans » comme l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte demeuraient épargnés, vu les intérêts commerciaux et géopolitiques des États-Unis avec ces pays.
Il faut noter qu’aucun ressortissant des pays sur la liste n’a jamais été impliqué dans un des attentats terroristes commis sur le sol étasunien et que les conséquences négatives ont surtout concerné des gens qui avaient une green card (permis de séjour) ou qui sont nés et ont grandi aux États-Unis.
Ces lois ont suscité d’importantes manifestations et protestations. Plusieurs juges ont déclaré ces lois anticonstitutionnelles, forçant Trump à les retirer. Mais son cabinet et lui n’en démordent pas, et travaillent à un nouveau décret.
Jeff Sessions à la Justice, tout un symbole
Durant l’audition de Jeff Sessions pour la fonction de juge fédéral en 1986, sa candidature a été rejetée par un Sénat majoritairement républicain parce qu’il avait appelé un procureur noir « boy » et qu’il avait estimé qu’un avocat blanc qui travaillait pour des clients noirs trahissait sa « race ». Il a donc été refusé par son propre camp parce qu’il était considéré comme trop raciste.
Les Mexicains, ces « criminels » et ces « violeurs »
En juin 2015, Trump a démarré sa campagne sur des chapeaux de roue : « Quand le Mexique nous envoie ses ressortissants, ils n’envoient pas les meilleurs. Ils envoient ceux qui posent problème. Des gens qui amènent des problèmes ici. Ils amènent des drogues, de la criminalité. Ce sont des violeurs. Même si j’imagine que, parmi eux, il y a des gens bien. »
De même, lorsque le juge fédéral Gonzalo Curiel a mené l’instruction contre les « pratiques frauduleuses » de la Trump University (l’université privée appartenant au milliardaire), Trump a déclaré que comme celui-ci était « mexicain », il n’était pas impartial.
« Mon Afro-Américain »
Lors d’un meeting, Trump expliquait qu’il recevait en réalité pas mal de soutien de la part d’Afro-Américains. L’un de ceux-ci dans la foule se faisant entendre, Trump l’a pointé du doigt et dit : « Vous voyez, regardez mon Afro-Américain là. »
Une déclaration qui a fait couler beaucoup d’encre aux États-Unis, et qui montre comment, dans la perception et le langage utilisé, les Noirs sont « aux » riches.
Trump entretient avec les suprémacistes blancs une relation d’amour réciproque. Durant toute la campagne, il a été soutenu par les groupes racistes. Parmi eux, des personnalités comme Michael Polignano et Peter Brimelow, auteurs de textes clairement racistes. Ces gens sont attirés par le discours anti-immigration, islamophobe, sexiste et contre les Afro-Américains. Sa campagne a même été soutenue ouvertement par le Klu Klux Klan.
Steve Bannon, l’idéologue
La nomination de Steve Bannon à la tête de son équipe et comme conseiller principal n’a rien d’anodin. Celui-ci s’est fait connaître comme directeur du site Breitbart News, à la ligne éditoriale très à droite, raciste et antisémite. Pour celui-ci, le summum de la civilisation, c’est les États-Unis blancs, chrétiens et capitalistes.
Sa nomination a donc suscité des réactions. Le Conseil des relations américano-islamiques l’a condamné comme étant un « théoricien islamophobe ».
Discrimination au logement
En 1973, quand Donald Trump était président de l’entreprise immobilière familiale Trump Management Corporation, il a été poursuivi en justice pour soupçons de discriminations contre des personnes noires qui voulaient louer des appartements à New York. L’acte d’accusation faisait état de critères d’admissions différents selon que le candidat locataire soit blanc ou noir. L’entreprise aurait également dit à des candidats noirs que les appartements étaient loués alors qu’ils étaient encore libres.
Trois ans plus tard, l’entreprise était à nouveau attaquée en justice pour les mêmes raisons.
« La paresse, un trait de caractère des Noirs »
Le racisme n’est donc pas une nouveauté pour Trump, on le retrouve tout au long de sa carrière. Des salariés de ses casinos d’Atlantic City se sont déjà plusieurs fois plaints de racisme. Une amende de 200 000 dollars a été infligée en 1992 au casino du Trump Plaza Hotel parce que les responsables de salle, sur demande de riches clients, ont enlevé les croupiers noirs des salles de jeu.
« Quand Donald et Ivana venaient au casino, les chefs s’assuraient que les travailleurs noirs n’apparaissent pas dans le champ, expliquait un ancien employé du Trump’s Castle Kip Brown à un journaliste du New Yorker. C’était dans les années 1980, j’étais encore adolescent, mais je m’en souveins très bien : nous devions tous aller en coulisse. »
Dans un livre paru en 1991, l’ancien président du Trump Plaza Hotel and Casno, John R. O’Donnell, a affirmé que Trump avait déclaré : « Je crois que c’est un gars paresseux. Mais ce n’est pas vraiment de sa faute. La paresse est un trait de caractère inné chez les Noirs. c’est vrai, j’en suis convaincu. Ils ne peuvent rien y faire. »
En 1997, Trump a déclaré que ce qu’O’Donnell avait dit était « probablement vrai », avant d’affirmer, en 1999, que c’étaient des mensonges.
Woody Guthrie : Old Man Trump Video avec Ani DiFranco & Tom Morello
Article publié dans le mensuel Solidaire de mai 2017. Abonnement.