Une étude INRS-Centraide du Grand Montréal S’appauvrir tout en travaillant : une réalité grandissante

fonte INRS.CA

 

Uno studio canadese sul fenomeno emergente dei lavoratori poveri. Non solo i lavoratori manuali o di assa qualificazione: la povertà sta colpendo quella che un tempo venva definita classe media intellettuale. editor

La pauvreté change de visage : près de quatre personnes pauvres sur dix occupent un emploi dans la région métropolitaine de Montréal. En une décennie, le nombre de travailleurs pauvres s’est accru d’environ un tiers, passant de près de 90 000 en 2001 à 125 000 aujourd’hui. Ces constats sont tirés d’une étude réalisée sous la direction du professeur Xavier Leloup du Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS en partenariat avec Centraide du Grand Montréal. Les auteurs de l’étude retracent l’évolution de ce phénomène qui prend de l’ampleur et esquissent le portrait des travailleurs pauvres en tenant compte de leur répartition sur le territoire montréalais.

L’étude montre que l’écart en termes de revenus tend à se creuser entre les travailleurs pauvres et non pauvres. De plus, le travail pauvre a progressé à un rythme quatre fois plus rapide que l’emploi total au moment où Montréal connaissait une période de croissance économique soutenue entre 2001 et 2006.
Qui sont les travailleurs pauvres et où sont-ils?
« Le travail pauvre concerne en premier lieu des personnes qui, pour différentes raisons, connaissent une insertion plus difficile en emploi, en raison de leur emploi du temps, de leur parcours de vie ou de leurs caractéristiques personnelles », précise le professeur Leloup.
Parmi les populations les plus à risque figurent les parents seuls âgés de moins de 30 ans et les immigrants récents. La moitié des travailleurs pauvres ont des enfants. Les immigrants arrivés il y a moins de dix ans sont cinq fois plus susceptibles d’en faire partie que les non-immigrants. Chez les minorités visibles, une personne sur cinq est un travailleur pauvre.
Une constatation générale s’impose : le travail pauvre est réparti inégalement sur le territoire du Grand Montréal, tant à l’échelle des villes et des municipalités que des quartiers. Dans la région métropolitaine, l’île de Montréal regroupe près de 64 % du total des travailleurs pauvres. Suivent Laval et l’agglomération de Longueuil. La Ville de Montréal compte à elle seule 60 % des travailleurs pauvres du Grand Montréal.
Les travailleurs pauvres se retrouvent surtout dans des quartiers marqués par la pauvreté. Ainsi, Parc-Extension affiche le taux le plus élevé de travailleurs pauvres de la région métropolitaine avec plus de 30 %. Côte-des-Neiges, le Centre-ville, le Centre-Sud, Hochelaga-Maisonneuve, Saint-Michel et Montréal-Nord sont au nombre des quartiers où se concentrent les travailleurs pauvres.
Le travail pauvre en croissance parmi presque tous les groupes
Toutefois, ce phénomène tend à apparaître dans des quartiers mixtes moins associés à la pauvreté comme le Plateau Mont-Royal, La Petite-Patrie, Villeray et le Vieux-Longueuil. Pour les auteurs de l’étude, « ces changements sont à mettre en lien avec l’apparition progressive d’un travail pauvre touchant plus massivement les universitaires et un ensemble de professions intellectuelles, dont celles des sciences sociales, de l’enseignement, de l’administration publique et de la religion ou des arts, de la culture, des sports et des loisirs ». L’arrivée d’une nouvelle immigration vient aussi changer la donne dans des quartiers comme LaSalle et Saint-Léonard.
« La tendance à la hausse du travail pauvre touche presque tous les groupes. Il devient un phénomène global dont la croissance s’étend à des catégories a priori moins vulnérables sur le marché du travail. Le travail pauvre est une source d’inégalité socio-spatiale qui empêche les individus qui le vivent de s’intégrer pleinement à la vie urbaine », soutient le chercheur principal de l’étude, le professeur Leloup.
Cette recherche a été réalisée avec la collaboration de la professeure Damaris Rose et de l’étudiante à la maîtrise en études urbaines Florence Desrochers du Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS. Elle s’inscrit dans le Partenariat de recherche sur les quartiers en transition, financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), qui vise à analyser l’évolution des inégalités de revenu et leurs effets sur les villes canadiennes. Elle s’appuie sur les données de recensement de 2001-2006 et celles de l’Agence de revenu du Canada pour la période 2006-2012.

Étude sur les travailleurs pauvres dans la RMR de Montréal